28 septembre 2023. l’automne est là, l’été s’en est allé, doucement… La lumière commence à changer, la fraîcheur à tomber … Nous avons même fait notre première flambée il y a quelques jours pour accueillir la pluie, l’automne et ses premiers frissons … Du beau, du bon, partagé dans notre cocon.

Depuis mon salon confortable, ma maison où le hygge règne, je vois ces militants accrochés aux arbres, j’entends leurs cris, déchirant le silence de notre gouvernement … Je regarde ce monde qui s’entête dans un système qui détruit … et je fais quoi, moi, là ??? Ma gourde à la main, mon vélo fraîchement étrenné, mes convictions et mes espoirs en bandoulière ??

Ce qu’il se passe aujourd’hui avec l’autoroute A69 est une triste illustration de comment fonctionne notre société, attachée à des projets d’un autre temps, niant l’urgence climatique, ses enjeux et les réponses qu’elle exige pour ne pas sombrer dans le chaos … Peut-être ne le voyez vous pas ce chaos … le déni est salvateur, protecteur, vous direz la psy que je suis mais il entrave les actions, les mobilisations, les réactions vitales pour notre avenir …

Ou alors peut-être que vous n’avez pas vraiment peur…

Peut-être avez vous intégré que les cris d’alerte des scientifiques et des militants ne servent qu’à agiter des écolos fatigants, frustrants qui empêchent le vieux monde de tourner.

Peut-être n’avez vous pas conscience que ce qui nous attend est terrifiant, notamment pour les plus précaires, les plus fragiles dans notre société ou les pays émergeants …

Peut-être vous dites vous que tout ça est fou mais que l’on peut continuer à danser, à trinquer dans ce monde qui décline sans prêter trop d’attention aux rabat-joie qui gâchent tout … #dontlookup.

• « Et puis il y en a marre de ces activistes, ces écoterroristes !!! Il y en a marre de ces enragés engagés qui veulent nous priver de liberté, de jouissance, de plaisir !  » Mais vous êtes vous simplement demandé ce qu’était la liberté de vivre dans un monde qui étouffe avec des chaleurs criminelles, un monde sans eau ou sous l’eau, en feu ou dans la tempête, un monde avec des espèces végétales et animales qui disparaissent, des catastrophes naturelles qui s’enchaînent ???

Peut-être … ce ne sont que des hypothèses mais j’essaie de comprendre pourquoi cet immobilisme partout, pourquoi ce rejet de celles et ceux qui savent et dénoncent … Parfois à coup d’études et de rapports scientifiques, d’autre fois à coup de soupes jetées sur des toiles célébrissimes, de matchs arrêtés, de cérémonies perturbées ou d’arbres protégés … Quelque soit la façon utilisée, grève de la faim ou désobéissance civile, les médias et leur ronron protecteur de ce système destructeur, tournent en boucle et ne se privent pas de décrier la forme, d’appauvrir le contenu, de ridiculiser celles et ceux qui portent cette voix. Il ne faudrait surtout pas entraver le bon déroulement de notre société … celle qui produit, vend, achète et jette !! Celle qui détruit et pompe des ressources épuisées … La croissance, ce merveilleux modèle à la production infinie sur une planète aux ressources finies. Quel triste paradoxe !

Je vous avoue ne pas comprendre … ne pas entendre ces postures qui nous conduisent vers un avenir bien sombre. Ces activistes sont pour moi des héros qui mettent leur vie en danger pour sauver la notre, sans quête d’intérêt ou de profit. Si ce n’est prioriser la VIE.

L’A69 c’est l’histoire d’un projet d’autoroute vieux de 30 ans qui permettrait aujourd’hui de gagner environ 12 mn de trajet contre 17€ sur l’axe Toulouse-Castres … Un gain de temps minime, une perte d’argent mais surtout la coupe d’arbres centenaires capteurs de carbone, climatiseurs naturels essentiels et l’artificialisation des sols, de terres agricoles … A t-on vraiment besoin, alors que se profilent des étés de plus en plus chauds, de se priver d’alliés aussi importants que ces arbres puissants pour gagner moins d’un quart d’heure payé au prix fort ??? Vraiment ? N’a t-on pas le devoir de revoir les projets du passé au regard des enjeux d’aujourd’hui ? Qu’est ce qui oblige nos dirigeants si ce n’est de nous permettre de vivre dans des conditions décentes ?

Cela fait écho à notre mobilisation locale afin de protéger la voie verte et son écosystème, ses espèces endémiques, ses arbres précieux …Autoroute ou véloroute, même combat … quand il s’agit de détruire la nature, il est aujourd’hui plus que nécessaire de réfléchir.

En regard de ce qui me semble évident, je ne comprend pas ce déni collectif, ce climato-scepticisme ambiant, cette croyance en la technologie pour nous sauver, cette criminalisation des activistes écologistes pour les bâillonner … J’alterne entre bouffée de colère et résignation, actions individuelles et mobilisations collectives … peur et espoir, doutes et envie d’y croire … pour elles, pour eux … pour mes enfants, pour les vôtres …tout simplement.

Pourquoi ce mépris des puissants, ces discours biaisés, ces mensonges éhontés quand les actes ne sont là que pour continuer de consommer, de détruire, de spéculer sur notre planète qui part en vrille, qui se réchauffe, se dérègle, s’étouffe … L’été 2023 est le plus chaud jamais enregistré, on ne compte plus les feux ravageurs, les inondations meurtrières, les épisodes de canicule, les dômes de chaleur … Eteignez la télé, il y a bien plus important que l’abaya ou les coups de gueule de chroniqueurs hors-sol.

J’ai mal au ventre de voir Thomas Brail, en grève de la faim depuis près d’un mois, délogé de son arbre en pleine nuit face au ministère de la transition écologique … J’ai mal au cœur de constater que ceux qui ont le pouvoir de changer les choses l’utilise pour leur propre profit et ceux de leurs amis …

Alors je fais quoi, moi, avec ma gourde et mon vélo ? C’est bien joli les achats de seconde main, ma banque éthique, mes toilettes sèches, mes voyages en train ! Trop bien de végétaliser nos assiettes, de se chauffer au bois, de changer de métier ou presque pour moins prendre la voiture … Mais ça sert à quoi ? Petite goutte d’eau dans un océan à contre-courant. Ou comment se sentir si petite et impuissante …

N’écoutez pas celles et ceux qui vous disent que l’on a le temps, que l’écologie n’est pas politique, que c’est compliqué de changer de système … Ne restez pas bercés par des illusions protectrices, des croyances rassurantes sur la capacité de l’Homme a surmonter les crises, sur le temps qui nous sépare du pire.

L’effondrement de la biodiversité est là. Le dérèglement plus qu’engagé, les limites planétaires presque toutes dépassées. Nous n’avons plus le temps. Il faut agir, voter, s’engager. Il faut changer de cap, construire un autre modèle économique, une autre forme de société.

En attendant que tout là haut cela bouge, change, réagisse, je ne peux rien faire d’autre que de poursuivre mon chemin vert, mes engagements individuels et collectifs et puis continuer à alerter, de ma modeste place de citoyenne, de mère, d’humaine … tout en me préservant à coup de petits bonheurs, de moments partagés, d’escapades ressourçantes, d’amour et d’amitié.

Si ces quelques lignes permettent ne serait-ce qu’à un.e seul.e d’entre vous de réagir, d’amorcer des changements individuels et de comprendre que l’on ne peut plus continuer à soutenir des dirigeants qui condamnent l’avenir de nos enfants … Je n’aurai pas perdu mon temps, ma gourde, mon vélo, mes espoirs et moi. Un peu perdue au milieu de tout ça.

Et vous ? vous vous sentez comment dans ce marasme ambiant ?